Inflation britannique : la volatilité temporaire présage-t-elle une hausse de l’inflation intérieure ?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’indice britannique des prix à la consommation s’est replié de 0,1 % en juillet à 0 % en août en glissement annuel. La hausse des prix de l’alcool et du tabac (toujours plus chers !), des services de l’éducation, de la restauration et, dans une moindre mesure, la hausse des prix survenue dans les autres catégories ont permis d’endiguer les tendances déflationnistes persistantes observées dans les secteurs des transports (principalement dans le secteur pétrolier) et de l’alimentation (guerre des prix entre les supermarchés), qui ont entraîné une baisse de 0,7 % de l’IPC au cours des douze derniers mois, et de stabiliser l’indice aux alentours de la borne zéro.
La progression de l’indice des prix de détail (IPD) de 1,0 % à 1,1 %, combinée à la contraction de l’IPC à 0 %, concourt à creuser l’écart entre les deux indices à 1,1 %, un chiffre supérieur à la juste valeur estimée, comprise entre 0,8 % et 1 %. Les obligations britanniques indexées sur l’inflation permettent aux investisseurs de toucher la prime d’inflation sur l’IPD, de sorte que les détenteurs de linkers ne subissent jamais les conséquences de l’absence d’inflation ou d’une déflation. En fait, certains observateurs s’accordent à dire que l’écart devrait se creuser à 1,5 %. Ce creusement s’expliquerait par l’utilisation de formules de calcul différentes (arithmétique vs géométrique), de composantes différentes (les paniers sont composés de biens différents, représentés en quantités différentes) et, en particulier, par l’évolution des prix du marché de l’immobilier. Contrairement à l’IPC, l’IPD inclut les prix du logement et le paiement des intérêts hypothécaires. L’augmentation apparente des prix du logement et la hausse probable des intérêts devraient concourir à creuser l’écart entre les deux indices à un niveau supérieur à sa juste valeur, pour le plus grand bonheur des détenteurs de linkers britanniques.
Au cours des douze derniers mois, l’IPC s’est replié de 1,5 %. Cette contraction s’explique en grande partie par la chute des prix dans les secteurs de l’alimentation, des services aux collectivités et des transports. L’inflation sous-jacente telle que mesurée par l’IPC core a reculé de 0,6 %. Cette baisse s’explique principalement par la baisse des prix sur le marché des véhicules d’occasion et dans les secteurs des loisirs et de la culture, notamment sur le marché du matériel audiovisuel. L’IPC global est pénalisé par la chute des prix de l’énergie et des matières premières (env. 75 %) ainsi que par la vigueur de la livre sterling (env. 25 %), tandis que l’IPC core est pénalisé en majeure partie par la vigueur de la monnaie britannique. L’IPC core exclut les composantes volatiles que sont l’énergie, les matières premières et les produits alimentaires. Il convient toutefois de se demander si la vigueur de la livre sterling constitue un moteur permanent et stable de l’inflation sous-jacente.
En fait, chaque bien, quel que soit le lieu où il est fabriqué, doit être acheminé de son lieu de fabrication vers le magasin où il sera vendu. Par conséquent, les coûts de transport constitueront l’un des principaux facteurs influant sur les prix des biens pris en compte dans les chiffres de l’inflation sous-jacente. En d’autres termes, l’inflation sous-jacente n’est pas aussi sous-jacente que certains observateurs peuvent le penser. De plus, la hausse de 20 % de la livre sterling observée sur les vingt dernières années, et pondérée en fonction des échanges commerciaux, a eu une incidence sur les prix des biens importés. Si l’on analyse les chiffres de l’inflation et la hausse de la livre sterling pondérée en fonction des échanges commerciaux depuis l’éclatement de la crise financière, d’aucuns pourraient arguer de manière convaincante que la livre sterling est un moteur volatil de l’inflation globale. Alan Clarke (Scotiabank) nous déclarait récemment qu’une hausse de 10 % de la livre sterling entraîne une baisse de 1 % de l’IPC. La progression de la livre sterling a donc pesé à hauteur de 2 % sur l’IPC au cours des deux dernières années.
Si, comme moi, vous êtes prudent vis-à-vis de la monnaie britannique, alors vous pourriez soutenir l’idée que la véritable inflation sous-jacente a été sensiblement supérieure ces deux dernières années. Les biens représentent environ 50 % de l’IPC. Partant, nous sommes en droit de penser que l’IPC actuel est plus proche de la barre des 2 % que de 1 %, comme l’indiquent les chiffres actuels. Les observateurs qui rejettent l’idée selon laquelle la devise est un moteur volatil de l’inflation globale seraient bien inspirés de se demander si la livre sterling restera aussi forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le déficit courant du Royaume-Uni est plus important aujourd’hui qu’il ne l’était avant le plan d’aide du FMI des années 1970 et avant que le pays ne sorte du mécanisme de change européen au début des années 1990. Il me semble que cela vaut la peine d’y réfléchir.
Les chiffres de l’inflation globale sont grevés par la baisse généralisée des prix de l’énergie et des matières premières d’une part et par la vigueur de la livre sterling d’autre part. Toutefois, il se pourrait que l’IPC core ne reflète pas réellement l’inflation sous-jacente intérieure du Royaume-Uni. La hausse des prix des services ressort à 2,3 % et le Royaume-Uni est une économie de services. Le marché de l’emploi s’est considérablement tendu et les salaires, jusqu’alors très faibles, suivent une tendance clairement haussière. Enfin, les perspectives d’inflation à moyen terme du Royaume-Uni seront déterminées par l’interaction entre la baisse temporaire des prix de l’alimentation et de l’énergie d’une part et la hausse des dépenses de consommation des ménages britanniques, qui dépendra de la situation sur le front de l’emploi et des salaires. Et pour ceux qui estiment que la livre sterling est un moteur volatil de l’inflation globale, les perspectives n’en demeurent pas moins moroses.
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