Le rendement sans le risque de matières premières : quatre options pour réussir dans le haut rendement américain
Aujourd’hui, après une nouvelle correction, le marché américain du haut rendement a de nouveau touché le seuil psychologique de 8%. Il s’agit d’un signal important en matière de valorisation, qui a contribué à faire revenir les investisseurs sur le marché ces derniers mois. Pourtant, ce rebond des rendements a été en partie alimenté par un nouvel accès de faiblesse des cours des matières premières qui a notamment fait tomber le WTI à un niveau proche des 40 dollars. Les émetteurs du secteur de l’énergie ne représentant pas moins de 12,7% du marché américain du haut rendement, ces mouvements sont difficiles à ignorer. Conséquence : celui qui dit « le haut rendement américain est bon marché » à ces niveaux de rendements doit s’attendre à ce qu’on lui réponde : « il n’est pas bon marché pour rien ».
Comment gérer cette situation ? Les investisseurs peuvent-ils bénéficier de rendements globaux supérieurs à 5% sans s’exposer à un risque de matières premières accru qui découle de l’achat d’obligations de compagnies pétrolières ou de producteurs de gaz endettés ?
La réponse est « plus ou moins, oui ». Vous pouvez engranger des rendements supérieurs à 5%, mais pas sans compromis. Voici quatre moyens de le faire :
- Opter pour une stratégie « zéro matières premières », c’est-à-dire un portefeuille qui exclut l’énergie, l’acier et les métaux et mines (définitions Bofa Merrill Lynch), des secteurs qui représentent au total 17,5% du marché, mais qui conserve une proportion équipondérée équivalente de tous les autres secteurs. Le rendement tout compris d’un portefeuille de ce type ressortirait autour de 6,8%, les deux principaux secteurs étant la banque et les télécommunications.
- Choisir une option « allégée en matières premières », c’est-à-dire un portefeuille avec une pondération des secteurs de l’énergie, de l’acier et des métaux mines réduite de moitié (soit un total de 8,7% beaucoup plus gérable). Cette stratégie produirait aujourd’hui un rendement de 7,5%, un chiffre très proche du rendement de 8,0% actuellement affiché par le marché, ce qui pourrait convenir à des investisseurs qui estiment que les spreads de crédit des secteurs liés aux matières premières ont d’ores et déjà intégré beaucoup d’éléments.
Rendement | % du marché américain du HR | |
Haut rendement américain | 8,0% | 100% |
HR américain – composante énergie | 12,3% | 12,7% |
HR américain – composante acier | 10,8% | 1,6% |
HR américain – composante métaux & mines | 14,8% | 3,2% |
Source : BofA Merrill Lynch, Bloomberg
- Mettre le cap sur le levier : pour ceux qui tiennent absolument à engranger un rendement de 8%, il est possible d’utiliser un effet de levier modéré sur le portefeuille de haut rendement américain « zéro matières premières ».« »Une exposition brute de 116% serait nécessaire pour compenser le déficit de rendement (avant prise en compte du coût de l’éventuel financement). Pour un portefeuille « allégé en matières premières », l’exposition brute requise serait de 106%. Cela étant, et pour de bonnes raisons, certains investisseurs (nous y compris) ne peuvent ou ne veulent pas utiliser l’effet de levier au sein de leurs portefeuilles.
- Miser sur les obligations d’échéance longue : si la priorité est d’engranger le potentiel de hausse découlant de la contraction des spreads (et la plus-value qui l’accompagne), l’une des possibilités pour suivre le rythme de progression du marché sans s’exposer aux matières premières est de se positionner sur un portefeuille d’échéance longue sans matières premières. La duration des spreads de crédit du marché américain du haut rendement est de 4,1 ans (ce qui signifie que, pour un mouvement de 100 pb des spreads, l’impact sur le capital est d’environ 4,1%). Une fois corrigées les différences de spreads entre les secteurs, nous pensons qu’un portefeuille « zéro matières premières » avec une duration de 4,9 ans réussirait à saisir le même potentiel de hausse, sous réserve d’une évolution proportionnelle des spreads de crédit sur le marché. Pour la stratégie « allégée en matières premières », ce chiffre s’établirait à 4,4 ans. Le souci, c’est que la duration des spreads est difficile à séparer de la duration des taux d’intérêt, ce qui signifie que cette stratégie augmenterait l’exposition aux fluctuations des rendements des bons du Trésor.
Et, comme souvent, la pertinence de la maxime « on n’a rien sans rien » se vérifie : si un investisseur veut un rendement de 8%, il devra s’exposer à des secteurs plus volatils et prendre les risques de défaut qui y sont associés. Mais, comme nous venons de l’expliquer, il existe différentes manières d’obtenir des rendements relativement attrayants tout en minimisant certains des risques sous-jacents des matières premières.
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